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APPENDICE.


Quand vient le matin c’est toi qui m’éveilles
Avec ton doux rire et tes chants joyeux :
Je sens sur mon front tes lèvres vermeilles,
Et pour les rouvrir tu baises mes yeux.

Nous mêlons nos soins ; tendre, tu m’habilles
J’entoure ton front de tes longs cheveux
Et des frais tissus chers aux jeunes filles
J’ajuste sur toi les plis onduleux.

Sans souci de plaire et d’être applaudie
Tu t’assieds, parfois, rêveuse, au piano.
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Je pose une fleur sur ta tête d’ange,
Tu danses, tu ris, nous allons au bal :
Et je suis heureuse à chaque louange
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Mais nos meilleurs soirs, ceux que je préfère
Ce sont les longs soirs qui sont tout à nous
Les volets sont clos, la lampe t’éclaire
Auprès du foyer, tu brodes, je couds.


LA GLOIRE.


Je ne te cherche plus gloire contemporaine
Blême prostituée aux baisers de hasard,
Qui tends tes bras à tous, et, sein nu, dans l’arène
Prodigues ton étreinte aux bateleurs de l’Art.

La Poésie un jour m’a dit : « Tu seras reine ! »
Et dans ma frêle main j’ai pris son étendard,
Et je poursuis la route étoilée et sereine
Que l’idéal altier me traçait au départ.