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APPENDICE.

Ils frappent en chantant l’orbe des boucliers
Et le peuple applaudit leurs poses intrépides.
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De tout petits enfants, les mains entrelacées,
Agitent gravement de frêles caducées ;
La rose, en gais festons, ceint leurs fronts ingénus
Et sous leur robe claire on dirait qu’ils sont nus.
Les vierges s’avançant en longues théories
Couvrent leurs chastes corps de chastes draperies.
Il semble à voir flotter leurs souples vêtements
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Des peuples sans nom, des peuples barbares,
Tout couverts de peaux et d’armes bizarres,
Grands et chevelus, apportent la mort.
Ils sont accourus des forêts du Nord
Ils sont accourus du fond de l’Asie !
Se précipitant dans leur frénésie
Sombre tourbillon qui va grossissant
Extermine et passe en roulant du sang.
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VI

Comme la bouche sèche et morne d’un cratère
Dont la cendre sans feu retombe sur la terre
Foyer du monde antique, es-tu donc refroidi ?
Le corps s’est profané, — l’esprit s’est engourdi !
Le Bien, âme du Beau, tel qu’un soleil qui baisse
Aux bords de l’horizon en déclinant sans cesse !
La forme dégradée, et l’idéal détruit,
Laissent l’art et le cœur dans une égale nuit,
Mais à cette heure sombre où l’humanité doute,
Quand l’artiste inquiet ne connaît plus sa route,
Les hommes de pensée et les hommes de foi
Ô mère des grandeurs, se sont tournés vers toi !
Qui l’exemple peut plus que ne peut la parole :
Partez, mineurs de l’Art ! explorez l’Acropole !