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DE GUSTAVE FLAUBERT.

les grands jours. C’est pourquoi le cynisme me plaît, tout comme l’ascétisme. Mais j’exècre la galanterie. On peut bien vivre sans cela, parbleu ! Cette perpétuelle confusion de la culotte et du cœur me fait vomir. Quand il se rencontre des affections complexes et qui s’entrelacent par tous les bouts de l’être, comme la nôtre, cela sort de l’amour et rentre dans une physiologie supérieure à laquelle, contre laquelle et pour laquelle rien ne fait. Elle est réglée comme le battement de votre sang et co-éternelle à vous comme votre conscience.

Enfin cette Edma me dégoûte, même de loin. Tu excuses Bouilhet et tu plains Léonie : le premier parce qu’il est loin de sa maîtresse et l’autre parce qu’elle est trompée (c’est le mot consacré). Quant à moi je l’excuse aussi parfaitement (et même je l’approuve, si ça l’amuse). Mais ma raison est toute contraire à la tienne. Quand on sort des bras de quelqu’un, on a un arrière-goût à l’âme qui empêche de goûter les saveurs nouvelles. Après ça, les contrastes ! C’est aussi une loi culinaire. Moi, je vis au bain-marie.

Adieu, je t’embrasse dans tout mon jus. Mille baisers. À toi.

Ton G.

Mon cousin et sa longue épouse sont arrivés ce soir. Ils débarquent de Paris. Ils sont « fatigués de la cuisine de restaurant ». Ils ont été aux Français, à l’Opéra et à l’Opéra-Comique ! les trois théâtres voulus, les seuls théâtres bien. Ils ont vu à l’Opéra-Comique le Châlet : « c’est charmant, quoique ce soit ancien. »

Ô les bourgeois ! Je voudrais avec la peau du dernier des bourgeois, etc. ; voir Des Barreaux.