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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Saulcy, le mot était peut-être donné depuis longtemps pour refuser net tout ce qui se présenterait là touchant Mme C…, car ils doivent être maintenant mal ensemble (Saulcy ne fait point son éloge). Mais il faut ajouter encore deux autres éléments : 1o influence bigote, système de moralité impérialiste et amie de l’ordre ; 2o haine de la poésie.

Récapitulons pour voir comme les amis sont bien servis par les amis ;

1o Article de moi pour Bouilhet arrêté à la Presse ; 2o promesse de Jourdan vaine ; 3o refus à l’Athenæum ; 4o refus des réclamations de Leconte, à la Revue de Paris, et ici contre une autre revue ! contre leur rival, contre leur ennemi ! Mais cela ne fait que quatre ! Attendons la douzaine.

Quelle bêtise pourtant ! Quels pauvres gens ! Quelle misère ! Comme si tout cela empêchait rien ! (Quand tu auras fini ton Poème de la Femme, tu verras si, réuni en volume, ça se vend.) Est-ce que les Poésies de Leconte, par exemple, n’ont pas été plus remarquées que le Livre Posthume, dont l’auteur pourtant avait à sa disposition une belle réclame ! Mais ces gamins-là n’entendent pas même la réclame. Ils ont la bonne volonté d’être des charlatans. Quant à la capacité, non ; car il faut des poumons pour crier sur la place publique pendant deux heures de suite et pour faire assembler le monde avec des blagues connues.

Les héros pervers de Balzac ont, je crois, tourné la tête à bien des gens. La grêle génération qui s’agite maintenant à Paris autour du pouvoir et de la renommée a puisé, dans ces lectures, l’admiration bête d’une certaine immoralité bour-