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CORRESPONDANCE

loppe (à l’adresse de Mme C.[1]) avait été arrachée sur les bords, et l’on pouvait apercevoir de son contenu, à savoir deux autres lettres et une feuille d’impression.

Est-ce la douane qui a ouvert le paquet pour y surprendre quelque dentelle ? Mais cette hypothèse me paraissant un peu niaise, il faut donc reporter l’indiscrétion sur le compte des sauveurs de la société. Or, si vous avez, Monsieur, quelque chose d’important à me transmettre, le moyen suivant serait, je crois, le plus sûr : je connais à Londres une famille de bons marchands, auxquels vous pourriez, de Jersey même, adresser vos lettres. Ils décachetteraient cette première enveloppe (à leur nom), puis couvriraient la seconde (au mien) d’une autre qui porterait ainsi leur écriture anglaise et le timbre de Londres. Les envois de Mme C. suivraient par mon intermédiaire le même chemin.

Le second paquet, du mois de mai (voie du Havre), m’est arrivé intact.

Cependant vous me permettez, Monsieur, de vous remercier pour tous vos remerciements et de n’en accepter aucun. L’homme qui, dans ma vie restreinte, a tenu la plus large place, et la meilleure, peut bien attendre de moi quelque service, puisque vous appelez cela des services !

La pudeur que l’on a à exposer soi-même toute passion vraie m’empêche, malgré l’exil, de vous dire ce qui m’attache à vous. C’est la reconnaissance de tout l’enthousiasme que vous m’avez causé. Mais je ne veux pas m’empêtrer

  1. Mme Louise Colet.