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CORRESPONDANCE

exprimer une admiration sans réserve (ses encouragements à des médiocrités, l’Académie, son ambition politique, etc.). Et d’autre part il m’a causé tant de bonnes heures d’enthousiasme, il […] qu’il m’était fort difficile de me tenir juste entre la raideur et d’adulation. Je crois cependant avoir été à la fois poli et sincère (chose rare).

J’ai relu, et attentivement, tout l’Acropole trois fois. À part beaucoup de lumières, de lumineux, de rayons, d’auréoles qu’il y a dans le commencement, et le morceau des Barbares que je persiste à trouver mauvais et même inutile, c’est une forte chose, dont il n’y a pas six vers faibles. Les Panathénées m’ont ébloui ; c’est abondant et précis tout ensemble. Sois sûre que c’est bon, très bon, et qu’avec encore une semaine de travail tu fais de cela une chose achevée. Le vers est parfois superbe et il y a là un talent merveilleux à exprimer nettement, et en vers essentiellement poétiques, des idées historico-philosophiques. Écoute bien ce qui suit. Il faut prendre de suite, à ce propos, un parti et n’y plus revenir.

Veux-tu, oui ou non, reconcourir l’année prochaine ? Ta réponse : « Je verrai au mois de janvier » m’exaspère ; je t’en préviens. C’est maintenant qu’il faut se décider et prendre ses mesures d’avance, lentement et bien. Ainsi, première décision. Seconde : est-ce ce poème-là que tu veux redonner ? (L’idée du Philosophe, de redemander le manuscrit à Villemain, est excellente, et c’est ce qu’il faut faire, de quelque façon que tu te décides). Si tu veux exécuter ta vengeance (une fois le manuscrit de l’Académie détruit), il sera facile de faire l’Acropole irréprochable, je t’en ré-