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DE GUSTAVE FLAUBERT.

une poésie humaine, aussi large que celle de la nature, et plus ardente.

Ce pauvre père Babinet, avec sa panne, m’attendrit !

Il faut renoncer à Pylore ; l’affaire a complètement manqué. La mère Roger sera-t-elle plus heureuse ?

Elle est bien médiocre cette bonne Madame Didier. Cela suinte, comme la sueur le fait aux pores de la peau, de toutes les syllabes de son style.

Je te renverrai dans la prochaine la lettre du grand homme. Je la garde pour la montrer dimanche à Bouilhet, que je n’ai pas vu depuis longtemps. Je lui parlerai de ton projet de Revue et te dirai ce que nous en aurons dit.

J’ai appris que mon ami J. Cloquet était décidément cocu, très fort. Cela me fait beaucoup rire et ne m’étonne guère. Sa petite moitié a l’œil double. Pourquoi donc ce mauvais sentiment qui nous porte toujours à nous réjouir des infortunes conjugales d’autrui ? Y a-t-il là une jalousie déguisée ? Je crois, en effet, que chaque homme voudrait avoir à lui toutes les femmes, même celles qu’il ne désire pas.

Autre fait. Nous avons eu jadis un pauvre diable pour domestique, lequel est maintenant cocher de fiacre (il avait épousé la fille de ce portier dont je t’ai parlé, qui a eu le prix Monthyon, tandis que sa femme avait été condamnée aux galères pour vol, et c’était lui qui était le voleur, etc.) ; bref ce malheureux Louis a ou croit avoir le ver solitaire. Il en parle comme d’une personne animée qui lui communique et lui exprime sa volonté et, dans sa bouche, il désigne toujours cet