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CORRESPONDANCE

avait dans le premier morceau (les hexamètres du commencement) que nous n’avons pas eu le temps de changer ; ainsi :

Diadème éthéré
et plus bas :
Corinthe couronnée
Sa tête illuminée.


C’est à peu près la même idée, mais n’importe. Causons maintenant des Barbares : c’est grave.

Pour faire complètement bien ce morceau, il eût fallu ne pas ménager deux classes de citoyens auxquels il nous est interdit de toucher : 1o  les prêtres, 2o  les académiciens eux-mêmes. Ce sont ces deux genres d’animaux féroces qui, quant à l’idée du Beau (l’idée antique), ont fait plus de mal que les Attila et les Alaric. Nous ne pouvons donc rendre notre pensée qu’avec des adoucissements sans nombre et une atténuation originelle qui l’affaiblit de soi-même ; et il faut aller auprès du but et non au but.

Ton morceau n’était pas bon. Il était même mal écrit, mou, trop long d’ailleurs et ne disait rien des autres Barbares (ou trop peu). Celui de Bouilhet, et dont toute la seconde partie a été faite par nous deux, me semble plus approchant. Si tu crois que l’on y verra une main différente et que cela pourra compromettre le succès, je ne dis plus rien. Mais tu n’y as pas compris des choses pourtant fort compréhensibles. Ainsi :

Opposiez des seins nus aux boucliers d’airain


C’est vous qui opposiez des seins nus, vos seins nus aux boucliers d’airain (des Grecs). Les barbares,