Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 3.djvu/106

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
100
CORRESPONDANCE

ô Minerve, et dans des langues barbares accusé tes dieux, ô Homère… » Il faudrait faire la confusion soutenue des deux espèces de Barbares, et cela très large, à la fois lyrique et satirique. Ça ne sortirait pas du lieu même de l’Acropole. Les diverses ruines et constructions modernes te serviraient de comparaisons et de points de rappel. Et ce mouvement t’amènerait naturellement à ton trait final : nous cherchons maintenant parmi ces débris les vestiges du Beau.

Réfléchis à cela ; il me semble qu’il y a là beaucoup. Cette idée plairait au côté classique de l’Académie et pourrait d’ailleurs être en elle-même une fort belle chose.

La Sylphide, comme dit Babinet, a écrit deux lettres charmantes. Bouilhet a répondu quelques lignes à la dernière, pour lui dire qu’elle le laisse tranquille et qu’il ne veut plus entendre parler d’elle. Il m’a l’air très calme et décidé, mais un vieux psychologue comme moi pense que ce n’est pas là une fin. Ils se reverront d’une façon ou d’une autre et se baiseront, ou je serais fort étonné. Elle a dû être vexée de son dernier billet. Y répondra-t-elle ? Elle garderait le silence si elle avait un peu d’orgueil. Mais c’est une infâme coquette, et elle voudra l’astiquer encore. Alors, la correspondance se rengagerait sur un pied purement littéraire ? Mais la littérature mène loin, et les transitions vous font glisser, sans qu’on s’en doute, des hauteurs du ciel aux profondeurs du c… Problème ! pensée ! comme dirait le grand Hugo.

Nous avons ici, depuis lundi, une vieille dame, amie de ma mère (femme d’un ancien consul en