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DE GUSTAVE FLAUBERT.

et de doléances. Je crois que son désir est que vous le repreniez comme garde. Il a l’air d’implorer mon intervention pour cela. Si vous en étiez content, en effet, vous feriez bien de lui pardonner son escapade et de le réintégrer dans ses fonctions. Il me dit qu’il ne va pas vous voir, car il ne ferait que pleurer et ne saurait que vous dire. Il m’a l’air d’un homme abattu et très humilié. Dans tout cela je ne sais s’il veut venir avec moi en Orient. Mais voilà un autre incident. Du Camp a déniché je ne sais où un gars superbe, un Corse, un ancien troupier qui a déjà été en Égypte et paraît, d’après ce qu’il m’écrit, un drôle roué. Il penche pour lui, de même que moi je penche pour Leclerc. Le choix d’un domestique pour un tel voyage est une affaire trop grave pour se décider à la légère. De sorte que nous ne ferons notre choix et ne donnerons notre parole à l’un ou à l’autre qu’après avoir vu, moi Sassetti (c’est le nom de l’ex-voltigeur) et lui Du Camp, Leclerc.

En conséquence, si maître Leclerc veut voyager aux conditions que je vous ai envoyées, il fera bien d’accompagner Dupont[1] jusqu’à Paris, quand celui-ci se mettra en route, et d’aller place de la Madeleine, 30, causer avec mon collègue afin qu’il en juge. Bien entendu que je paierai ce petit voyage dont la dépense ne peut être grande. Vous la fixerez vous-même, s’il vous plaît, cher oncle.

Voilà donc l’état de la question, comme on dit en politique. Plus tôt Leclerc ira se montrer à Du Camp, et plus tôt nous serons décidés sur

  1. Fermier des parents de Flaubert.