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DE GUSTAVE FLAUBERT.

banc des orangeries qu’il faut lire et non les bancs des orangeries.

5e Un peu de confusion dans l’idée, mais d’excellents détails, des vers charmants :

Courent sur le marbre des frises.

6e Les gais conteurs et les poètes, trop de deux idées ; une seule. Comme… les plus beaux vers… des poètes.

7e À la lèvre monte l’Amour, un peu brusque ??

8e À la calme étendue, n’est pas raide.

9e Il est fâcheux que nous avons déjà vu les reines.

Voici un vers :

Où les reines buvaient du lait,


dont je fais un cas énorme. Il y a là plus de vraie poésie que dans toutes les tartines sur Dieu, l’âme, l’humanité, qui bourrent ce qu’on appelle les pièces de résistance. Ça ne saute pas à l’œil comme une pensée à grand effet ; mais quelle vérité bien dite, et que c’est profond du sentiment de la chose ! Il faut ainsi que tout sorte du sujet, idées, comparaisons, métaphores, etc. C’est là la griffe du lion, sois-en sûre, et comme la signature de la nature elle-même dans les œuvres. Un volume de pièces comme celle-là (une fois ces corrections faites, et qui du reste sont faciles) ne le céderait à quoi que ce fût ; voilà mon avis. Quel joli refrain, et d’un singulier balancement !

Il n’y a qu’aujourd’hui de toute la semaine que j’aie un peu bien travaillé. Un paragraphe qui me manquait depuis cinq jours m’est enfin, je crois,