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CORRESPONDANCE

académicien), devait bien ce petit hommage à son peintre favori.

Suit l’éloge de l’opéra comique comme genre. Tout est du même tonneau ; sans cesse l’exaltation du gentil, du charmant. Musset a été bien funeste à sa génération en ce sens. Lui aussi, morbleu, a chanté la grisette ! et d’une façon bien plus embêtante encore que Béranger, qui au moins est en cela dans sa veine propre. Cette manie de l’étriqué (comme idée et comme œuvres) détourne des choses sérieuses, mais ça plaît ; il n’y a rien à dire, on donne là dedans pour le quart d’heure. Nous allons revenir à Florian avant deux ans. Houssaye alors fleurira, c’est un berger.

Maintenant, un peu d’outrages aux grandes choses et aux grands hommes. Le travail du poète : un noble exercice de l’esprit. Vraiment ! Et quoi qu’on en puisse dire encore ! Quelle audace ! Mais comme il des idées nobles et des idées apparemment qui ne le sont pas, des routes grandes et sévères et des routes petites et plaisantes (d’après la classification des genres bien entendu, 1o  tragédies, 2o  comédies, comédie sérieuse, comédie pour rire, etc.), il s’ensuit que Bossuet et Fénelon sont au-dessus de Molière (non académicien) ; Télémaque vaut mieux que le Malade imaginaire ; pour les hommes graves, en effet, c’est une farce (tel est l’avis entre autres de M. Chéruel, professeur à l’École normale). N’importe, la petite route n’en est pas moins belle et à coup sûr elle doit être honorée (que de bonté !) quand elle est suivie par un honnête homme (toujours l’honnête homme) ; autrement, non !

Ensuite un peu de patriotisme, le drapeau de l’Empire, de beaux faits dans la garde nationale.