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CORRESPONDANCE


Dimanche.

J’ai écrit à Pradier pour le concours[1] dès lundi dernier. Quant à Sénard, je le connais trop peu pour lui rien recommander. Je ne l’ai vu que deux fois et dans des visites payées, pour les affaires de mon beau-frère. Je connais ses gendres, mais les ricochets n’iraient pas jusque-là.

Je crois du reste qu’il connaît peu d’académiciens. Sa société était celle de l’archevêque de Paris et de Cavaignac, l’année dernière. Quant à Berryer, ils doivent être mal ensemble. Je voudrais bien que tu réussisses. J’y attache une idée superstitieuse, puisque j’y ai travaillé un peu moi-même. Fasse le ciel que je ne t’aie pas porté malheur !

Voici le résultat de notre délibération relativement à ton article. Ces messieurs de là-bas sont évidemment peu gracieux pour nous. Malgré les belles promesses d’articles, etc., rien ou presque rien n’a eu lieu. Gautier, qui en devait faire un dans la Presse, n’en a pas fait et n’en fera pas. Du Camp se doute qu’il se passe entre toi et Bouilhet quelque chose. Ton article, pour lui, viendrait évidemment de nous trois et quoique certainement il n’oserait ostensiblement s’en montrer piqué, il serait choqué que nous ayons fait cela sans lui. Gautier, de son côté, serait médiocrement réjoui de voir l’éloge de Melaenis imprimé à son insu dans son journal avec force citations, car il a dit que Girardin lui défendait de citer des vers. Il faut accepter les blagues telles qu’on vous les donne

  1. Concours de poésie ouvert par l’Académie Française où Louise Colet présenta son poème.