Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 2.djvu/365

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
359
DE GUSTAVE FLAUBERT.

pas gâter, en t’en parlant, le plaisir que tu avais à me voir. C’est surtout que je n’y pouvais rien. À ce propos je regrette bien des choses. Enfin ce qui est fait est fait. Voilà, je te le répète, ma vieille : j’ai une réserve de mille francs et t’en propose la moitié ! Tu aurais tort de refuser.

Ta pièce de vers, la Veille[1], m’a ému ; le mouvement est beau : ô fraîcheur du sang, etc… quel dommage que ce vers :

Si fortes qu’on dirait un lien antérieur


dépare la charmante idée qui suit.

Eh bien ! moi aussi, pauvre cœur, je pense à toi. Je t’aime, pauvre Louise, toi qui m’aimes tant. J’ai toujours le son de ta voix dans l’oreille et, sur les lèvres, souvent, impression de ton col. Pardonne-moi le mal que je te fais. Je m’en fais bien plus à moi, va.

Ce qu’on ta conté sur le séjour de Maxime à Étretat (lequel pays est dans la Seine-Inférieure et non en Bretagne, par parenthèse) est vrai en partie et faux en d’autres. J’ignorais que le bois Gonthier eût péri, ainsi que l’histoire contée par Alphonse Karr, et je te serais très obligé de me procurer ou de m’indiquer la chose exactement. Ce doit être dans les Guêpes. Max était à Étretat à l’automne de 1842, pendant que je rêvais Novembre sur la plage de Trouville. Il y avait, en effet, laissé des dettes, parce qu’on lui a donné immédiatement un conseil judiciaire qui lui a coupé l’herbe sous le pied. Son conseil judiciaire était son tuteur,

  1. Veillée dans Ce qui est dans le Cœur des Femmes, 1 vol.