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CORRESPONDANCE

croix, art, bottes, tout cela tourbillonne au même niveau et pourvu que ça le pousse, c’est l’important. Admirable époque (curieux symbolisme !), comme dirait le père Michelet, que celle où l’on décore les photographes et où l’on exile les poètes (vois-tu la quantité de bons tableaux qu’il faudrait avoir faits avant d’arriver à cette croix d’officier ?). De tous les gens de lettres décorés, il n’y a qu’un seul de commandeur, c’est monsieur Scribe ! Quelle immense ironie que tout cela ! et comme les honneurs foisonnent quand l’honneur manque !

Adieu ma pauvre chère vieille féroce,

Tout à toi,
Ton Gustave.

Je ne te renvoie pas la page que tu m’as envoyée avant-hier, le contenu s’en trouve dans les pages ci-incluses.

Voilà, je crois, tout et il me semble n’oublier rien. Tu vois que c’est bien peu de chose, pauvre chère Muse. Aussi je m’attends à avoir dimanche un manuscrit irréprochable. Quand je dis dimanche, j’ai tort. Tu devrais encore être une quinzaine ; ou plutôt, je me mettrais à rêver l’Acropole de suite et je ferais ces corrections tout à mon aise. C’est un travail si ennuyeux que de corriger ainsi tout en bloc !

Je t’engage à te dépêcher de commencer l’Acropole, pour avoir du temps à nous pour les corrections. Tu as l’habitude d’attendre toujours au dernier moment. Alors on se hâte, on s’essouffle, on ne fait rien de bien. Rappelle-toi le charivari où nous étions pour les corrections de ton vo-