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DE GUSTAVE FLAUBERT.

de suite que je crois que tu n’as fait nulle part quelque chose de meilleur que le mouvement :

Ô lit ! si tu parlais ............

J’adore surtout ceci :

Reprenant à son tour l’amoureuse louange,
Il disait : « Sais-tu bien que je suis fier de toi,
Avec ta bouche rose et tes blonds cheveux d’ange
Tu ranimes pour moi Lavallière et Fontange ;
L’orgueil me transfigure et, dans un rêve étrange,
Te pressant dans mes bras, je me crois un grand roi. »

et encore ceci :

Ton flanc, etc.
..............
Pressait ma gorge ronde et ferme
Où brille un bouton de carmin.
Ton bras enlaçait ma ceinture ;
Ton cou vers mon cou se tendait
Et ta lèvre embaumée et pure
À ma lèvre se suspendait.
Deux langues dans la même bouche
Mêlaient d’onctueux lèchements,
Nos corps unis broyaient la couche
Sous leurs fougueux élancements.

Ce sont là des vers émouvants et qui remueraient des pierres, à plus forte raison moi. Bientôt nous recommencerons, n’est-ce pas, à nous jeter le défi de nous assouvir. Patiente un peu. Moi je m’impatiente.

Adieu, mille morsures sur ta bouche rose. Du Camp arrive vers le dix. Il ira te voir de suite. Tu cachetteras la lettre avec soin et tu la recommanderas bien ; puisque je l’ai écrite, qu’elle parvienne !