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DE GUSTAVE FLAUBERT.

nière de faire des gens plus agréables. Es-tu bientôt nommé garde des sceaux, ou substitut du procureur du roi ? Quand te verra-t-on tonner contre l’immoralité de la littérature moderne et hurler après ces bons et pacifiques républicains ? Quand te vends-tu au gouvernement moyennant une place de 1,500 francs par an ? Que fais-tu, enfin, dans ton bocal des Andelys ? Conte-nous ça un peu et dis-moi surtout si tu vas en Corse, ou n’importe ailleurs.

Quant à ton serviteur, c’est toujours la même histoire : ni mieux, ni pis, ni pis, ni mieux ; tel que tu le connais, l’as connu, et le connaîtras, toujours ce même môme assez fastidieux pour les autres et encore plus pour lui-même, quoiqu’il ait eu de bons moments en société, en société libre surtout et peu bégueule des oreilles.

Néo est accouchée de 4 enfants. J’ai l’honneur de t’en faire part ; la mère et les enfants se portent bien. On m’a dit que ton oncle désirait un terre-neuvien. Est-ce vrai ? S’il en veut, réponds-moi de suite.

Je n’ai aucune nouvelle à t’annoncer, car la grande nouvelle, tu la sais : le mariage de Caroline[1]. Que veux-tu que je t’en dise ? Tout ce que tu voudras. Dis-en ce qu’il te fera plaisir. Tout cela se trouve résumé par les deux lettres que j’ai prononcées en l’apprenant : AH !

Dans une douzaine de jours nous retournons à Rouen ; nous laissons Croisset au menuisier et aux peintres. L’année prochaine tout sera prêt ; il y a une chambre d’amis qui sera arrangée. Vous l’ha-

  1. Le 3 mars 1845, Caroline Flaubert épousa Émile Hamard.