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chapitre premier.

antérieures à l’œuvre de leurs auteurs, qui paraît avoir été écrite pour les prouver ; d’où cette impression qu’elles laissent d’être inefficaces et dépourvues de vie.

Plus d’une fois dans le cours de ces essais, nous aurons à indiquer le retentissement des théories philosophiques et scientifiques sur le génie de Balzac. Pour lui, comme pour tous les écrivains de premier ordre, elles formèrent l’assise de l’œuvre ; elles lui communiquèrent cette sève et cette saveur exceptionnelles qui, malgré d’immenses défauts, marqueront sa place immortelle dans l’histoire des lettres. À vrai dire, il n’est pas de grand ouvrage, même de pure imagination, qui ne révèle, chez celui qui l’a composé, une vue générale des choses, une doctrine par conséquent, qui ne soit en quelque manière systématique et ne repose sur une conception d’ensemble de la vie. Quelle que soit leur forme, leur catégorie artistique : drame, roman, poésie, ils présentent tous ce point commun, à côté de leur affabulation individuelle, élément secondaire et contingent, de nous hausser au domaine inviolable de l’idée, qui est l’élément éternel. À cet égard, les productions de l’esprit peuvent se diviser en deux classes : celles qui n’ont point de soutien et sont destinées à disparaître avec les circonstances transitoires qui leur ont donné naissance ; les autres à côté, qui reposent sur une puissante assise et correspondent aux besoins éternels de l’humanité. L’assise littéraire de l’œuvre de Balzac fut, sinon la connaissance, — le mot serait