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COMMENT LE MONDE FINIRA

quatre heures du soir à Paris, il est dix heures du matin à Chicago. Le financier était à déjeuner lorsqu’il reçut le phonogramme de son cousin. Il n’eut pas de peine à préparer la réouverture de la Bourse et à acheter pour plusieurs centaines de millions de titres. La réouverture de la Bourse de Chicago avait été immédiatement affichée dans Paris, où il eût été trop tard pour faire le même coup, mais où l’on pouvait préparer celui du lendemain par de nouvelles combinaisons financières. Le public avait cru bénévolement à un retour personnel et spontané des Américains aux affaires, et, associant ce retour à l’impression satisfaisante de l’assemblée académique, s’était laissé reprendre aux rayons de l’espérance.

Il ne fut pas moins empressé, cependant, à la séance de neuf heures qu’il ne l’avait été à celle de trois heures et, sans un service spécial de gardes de France, il eût été impossible aux auditeurs privilégiés de parvenir aux portes du palais. La nuit était venue ; la comète trônait, flamboyante, plus éclatante, plus étendue, plus menaçante que jamais, et si, peut-être, la moitié des êtres humains paraissait plus ou moins tranquillisée, l’autre moitié restait agitée et frémissante.

L’auditoire était sensiblement le même que le précédent, chacun ayant tenu à connaître immédiatement les résultats de cette discussion publique générale, faite par les savants les plus autorisés et les plus éminents, sur le sort réservé à notre pla-