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engrenage où il tourne sans fin, impuissant à se maintenir en équilibre. En mécanique, cela s’appelle fuir par la tangente.

Il est inutile de suivre le savant anthropologiste en Afrique où sa promenade n’est pas plus fructueuse qu’en Amérique. Déjà M. Élisée Reclus a abordé l’Afrique, dans le savant ouvrage qu’il publie actuellement sur la Géographie universelle et qui est le compendium de toutes les connaissances géographiques acquises jusqu’à nos jours. À propos de la température du continent noir, on peut consulter, pour l’étude des lignes isothermes, la carte publiée par l’éminent géographe[1]. Il sera facile d’y voir combien ces lignes suivent des courbes capricieuses, et combien profondément on se tromperait, si on ne voulait suivre que les parallèles géographiques pour se faire une juste idée du climat africain. On n’a qu’à bien étudier les isothermes pour se rendre compte de la distribution des divers groupes ethniques qui se partagent la terre d’Afrique. Leur diversité de coloration est plutôt un argument certainement contraire à la thèse des polygénistes.

Cette coïncidence de la couleur plus ou moins foncée de certaines races humaines avec la chaleur plus ou moins intense du climat est un fait qui saute aux yeux. Aussi, dès la plus haute antiquité, les hommes les plus compétents l’ont-ils reconnue et signalée. On connaît ces vers d’Ovide :

Sanguine tum credunt in corpora summa vocato
Æthiopum populos nigrum traxisse colorem
.

Broca les rappelle en faisant finement remarquer que Leucat les cite mal. Preuve que notre savant auteur n’oublie rien, pas même le texte des Métamorphoses. Mais

  1. Elisée Reclus, Nouvelle géographie universelle, 54e série, p. 16.