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avant d’aborder une hypothèse, quelque belle que nous la trouvions, se rappeler les paroles de Pline, à propos des causes premières : Latent in majestate mundi. Cependant il est permis de se mettre sur les traces d’une investigation et tenter de reculer, si c’est possible, les bornes de l’inconnu, surtout quand l’investigateur est un Broca, L’essentiel est de garder son indépendance d’esprit, afin de n’admettre aucun prestige autre que celui de la vérité.

À la question : tous les hommes sont-ils de la même espèce ? Notre auteur suppose le raisonnement suivant de l’école unitaire qui répond par l’affirmative : « Tous les types humains peuvent en se mariant donner des produits indéfiniment féconds, donc ils proviennent d’une souche commune. » C’est le contraire qu’il s’efforcera de prouver.

Le savant Broca commence par affirmer un fait que ni l’histoire ni la science n’ont aucunement prouvé. Tous les artistes égyptiens, avance-t-il, ont rendu les caractères du type éthiopien « avec cette tête laineuse, étroite, prognathe, ce front fuyant, ce nez épaté, ces dents obliques, ces lèvres saillantes et même, chose remarquable, cet angle facial aigu, compris entre 65 et 70 degrés, dont la signification zoologique n’a été reconnue que depuis la fin du dernier siècle. »

Il n’y a pourtant pas un seul ethnologiste qui ignore aujourd’hui que les Éthiopiens, quoique noirs, ont d’aussi belles formes que les races blanches. C’est à ce point que la plupart des écrivains les ont longtemps groupés dans la division des peuples du type caucasien. Un homme de la compétence du professeur Broca aura-t-il pu ignorer ce que tout le monde savait autour de lui ? N’est-ce pas dans le but de tirer plus tard de cette affirmation un argument favorable à sa thèse, qu’il a mieux aimé se fier ici à la parole de Morton, en négligeant les vraies sources d’informations ? C’est d’autant plus incompréhensible que les