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suivant constaté parmi eux. Une flèche est plantée droit dans le sol, et le Veddah en fait lentement le tour, en dansant et en chantant cette invocation d’un rythme presque musical :

Mâ miya, mâ miy, mâ deyâ,
Topaxng Koyichetti mittigan yandâh !…
« Ami qui m’as fui, ami qui m’as fui, mon dieu,
En quels lieux vas-tu errant ? »

« Cette invocation, continue l’intelligent ethnographe, semble être en usage dès que l’intervention des esprits protecteurs est réclamée dans les maladies, dans les préliminaires de la chasse, etc. Parfois, ils préparent de la nourriture et la placent dans le lit d’une rivière à sec, ou quelque autre lieu retiré, puis ils appellent leurs ancêtres morts par leur nom : « Venez et prenez part à ceci. Donnez-nous la subsistance comme vous nous la donniez dans l’autre vie ! Venez ! où que vous soyez, sur un arbre, sur un rocher, dans la forêt, venez ! » Puis ils dansent autour de l’offrande, moitié chantant, moitié criant l’invocation[1]. »

Avant les belles études des Tylor, des John Lubbock, des Herbert Spencer, des Girard de Rialle, on pourrait dire que ce même Veddah, répondant négativement à un voyageur qui lui demande s’il existe un Dieu, est un homme dont l’esprit grossier est incapable de s’élever à une conception religieuse. Mais personne n’ignore aujourd’hui qu’une des formes primitives les plus générales de la religion a été le culte des ancêtres. Le sauvage Veddah y est parvenu tout naturellement, car ceux qui ne sont plus vivent encore dans son esprit. Son culte en vaut bien un autre. Pour ma part, je le trouve plus touchant,

  1. Belley in Ethnological Society of London’s Rev.