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quable : la substance blanche du cerveau de l’homme noir est encore bleuâtre au moment où l’on pratique la coupe ; mais les tranches blanchissent sensiblement au contact de l’air. Ce dernier phénomène est sans nul doute causé par la résorption du sang chassé des ramiscules des vaisceaux en contact avec l’air, dont l’influence y opère mécaniquement une certaine constriction. En tous cas, il est certain que la circulation sanguine du cerveau éthiopien est d’une activité incomparable. Cette surabondance de circulation y occasionne naturellement un excès de cérébration qui n’a besoin que d’être contenu et réglé, pour produire les résultats les plus considérables. Tel qu’une plaine fertile arrosée par des ruisseaux nombreux, mais où l’absence de l’art laisse les forces vives se perdre en jeux capricieux de la nature, le cerveau du noir surexcité, mais non cultivé, se prodigue en idéation multiple et vague. Ainsi, les ruisseaux abandonnés à eux-mêmes ne suivent pas des sentiers réguliers : malgré leur profusion, il y a tantôt sécheresse et tantôt inondation, ils coulent parfois en filets imperceptibles et se précipitent d’autres fois en avalanches bruyantes ; de la même façon, l’esprit du Nigritien inculte conçoit les idées les plus subtiles, mais il les entremêle avec une telle activité, que tantôt il arrive à la plus grande absurdité et tantôt aux plus sublimes conceptions ! De la cette imagination vive et brûlante qui lui est spéciale, ce tempérament sanguin qui le fait nommer une tête brûlée. Expression bien Juste ! Car dans cette circulation énergique, dans ces opérations rapides d’assimilation et de désassimilation que le tissu cérébral accomplit, le cerveau brûle comme une fournaise ardente : il faudra donc toute une discipline, une longue éducation de l’esprit, pour que le combustible ne se consume pas plus vite qu’il ne produit de travail appréciable.

Je crois qu’il n’y a rien d’exagéré dans ce qui vient