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des races humaines.

Jupiter, dit-il, est descendu hier à un festin, vers l’Océan, chez les Éthiopiens renommés par leur justice et tous les dieux l’y ont suivi[1].

N’est-ce pas le plus bel éloge que l’on puisse faire à une nation ou à une race que de la présenter comme l’amie des dieux ?

Après Homère vient Eschyle. Il est inutile de nous y arrêter ; car en soutenant la thèse de l’origine nigritique des anciens Égyptiens, j’ai fait une étude suffisamment claire de la plus belle de ses tragédies, pour qu’on en ait une juste idée. L’épisode d’Io et du noir Épaphus, que je ne puis considérer autrement, dans le Prométhée enchaîné, que comme un mythe destiné à retracer la marche de la civilisation antique, est assez significatif. Il montre fort bien toute l’importance que l’immortel tragique accordait à cette race éthiopienne qui, comme Io, est sortie des régions tropicales, sous les rayons directs du soleil, et a marché lentement vers la mer, fondant des villes, des industries, l’art, la science, tout le trésor de civilisation que l’ancienne Égypte accumula si hâtivement dans son sein, pour en déverser la plus belle partie sur le monde entier, par le canal de la Grèce.

Dans la littérature latine, on ne trouve pas davantage la trace d’une croyance positive en l’infériorité des Noirs. De tous les auteurs qui ont écrit sur les traditions populaires du peuple romain, Ovide est, à l’exception de Varron, le guide le plus fidèle, le plus sûr et le plus compétent, pour nous conduire dans l’étude d’une pareille question. Prenons, par exemple, ses Fastes, poëme dont l’érudition ne le cède à aucun autre ouvrage, en tout ce qui concerne les légendes religieuses et sociales de l’ancienne Rome ; arrê-

  1. Ζεὺς γαρ ἐς Ὠκεανόν μετ᾽ άμύμονας Αἰθιοπἦας
    χθιζός ἔβη χατὰ δαιτα, θεοι δ᾽ ἅμα παντες ἕποντο.
    (Iliade, I, V. 423 et 424.)

    Cf. Odyssée, I, v. 23 et 24.