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populaire, il fallait qu’il fût présenté sous une forme matérielle. Il en fut ainsi.

La majeure partie des gentils, parmi lesquels la religion chrétienne devait se propager, conservaient obstinément leurs habitudes idolâtriques. Afin de rendre Jésus aimable, on en avait fait un portrait idéalisé, où l’anthropomorphisme grec se prêta merveilleusement aux aspirations naturalistes des chrétiens encore barbares. En effet, la figure classique de Jésus est le symbole de la douceur, de la résignation et de la bonté infinies ; toutes ces vertus que le christianisme avait mission de répandre sur la terre, afin d’acheminer les hommes dans la voie du salut. Comme, dans la race caucasique, le blond répond parfaitement à ce caractère d’agneau sans tâche, on fît Jésus généralement blond, avec une physionomie pleine de vague onction, encore que toutes les probabilités laissent à croire qu’il était plutôt brun et avait les traits fortement accusés qui caractérisent la race sémitique[1].

Au type blanc de Jésus, sur le front duquel se reflètent

  1. « La population de Galilée était fort mêlée, comme le nom même du pays l’indiquait *, dit M. Renan. Cette province comptait parmi ses habitants, au temps de Jésus, beaucoup de non-juifs (Phéniciens, Syriens, Arabes et même Grecs). Les conversions au judaïsme n’étaient point rares dans ces sortes de pays mixtes. Il est donc impossible de soulever ici une question de race et de rechercher quel sang coulait dans les veines de celui qui a le plus contribué à effacer dans l’humanité les distinctions de sang. » (Vie de Jésus).

    Il ressort clairement de ce passage que de toutes les branches ethniques de l’humanité représentées à Galilée, au temps de Jésus, il n’y en a aucune qui ait eu pour caractère commun le type blond. C’étaient plutôt des bruns et même des peuples assez foncés, à l’exception des Grecs dont la personnalité de Jésus s’écarte positivement par sa complexion intellectuelle et morale. — C’est encore une erreur de croire que la religion du Christ a contribué à effacer les distinctions de sang parmi les races humaines. Les préoccupations de la couleur ne se sont jamais mieux développées qu’avec la civilisation moderne.

* Gelil haggoyan « cercle des gentils ».