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toutes leurs prédications, ils se servent de figures et d’images délicatement appropriées à la propagation de la foi. Le tout est mené avec une prudence de colombe ; sans rien avancer de manière à compromettre le prestige de la parole révélée, mais usant de tous les à-propos pour la rendre saisissante et fructueuse dans la récolte des âmes !

C’est ainsi que dès la première époque du christianisme, on inventa mille combinaisons propres à frapper les esprits et à diriger leur attention sur les choses de la religion chrétienne. Tous les peuples européens, au milieu desquels devait se répandre la foi, avaient des superstitions qu’il fallait respecter jusqu’à un certain point. Il y eut donc des accommodements ; car il y en a toujours avec le ciel. De toutes les inventions de la propagande ecclésiastique, celle du diable était la plus ingénieuse et la moins négligeable. En dehors du courant d’idées que soufflèrent sur le monde catholique les doctrines de Manès, savant hérésiarque qui eut l’idée de fondre avec le christianisme les principes du mazdéisme, le principal dogme de la religion du Christ, celui du péché originel et de la rédemption, devait infailliblement conduire les théologiens à la conception d’un mauvais génie, un démon représentant l’esprit du mal. Aussi, suivant la tradition biblique, le mythe du diable prend-il naissance avec la genèse même de l’humanité. Dès que Dieu eut créé l’homme, le seul être capable de lui rendre témoignage, à ne considérer que notre globe terraqué, le diable apparaît dans l’éden, berceau de linnocence et du bonheur pur, et commence sa malfaisante besogne contre la destinée humaine. Il agit surtout en haine du Tout-Puissant et inspiré par un orgueil infernal.

He trusted to have equalled the Most-High,
If he opposed
[1].

  1. Milton, The paradise lost.