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furtivement, comme des volontaires, et qu’il ne serait jamais fait mention d’Haïti dans aucun acte officiel de Vénézuéla.

Bolivar partit, muni de ces ressources, confiant dans son génie et son grand courage. Les aspirations générales de ses compatriotes conspiraient en faveur de son entreprise ; car on n’attendait pour se manifester efficacement qu’un coup hardi, un acte d’audacieuse résolution. Il opéra donc héroïquement son débarquement sur les côtes fermes de Vénézuéla. Après avoir battu le général Morillo qui voulut lui barrer le passage, il marcha, de triomphe en triomphe, jusqu’à la complète expulsion des troupes espagnoles et à la proclamation définitive de l’indépendance vénézuélienne, qui fut solennellement célébrée à Caracas.

Mais là ne s’arrêta pas l’action de l’illustre Vénézuélien. Il continua la campagne avec une vigueur et une activité infatigables. Par la célèbre victoire de Boyaca, il conquit l’indépendance de la Nouvelle-Grenade et la réunit à Vénézuéla pour former la république de Colombie, digne hommage rendu à la mémoire de l’immortel Colomb. Incapable de se reposer dans la contemplation de ses succès, il ne perdit pas haleine avant que son entreprise fut menée à terme. Il donna la main aux habitants du Haut-Pérou qui, à l’aide des Colombiens commandés par le général Sucre, défirent les Espagnols dans une bataille décisive livrée aux environs d’Ayacucho, et fît proclamer la république de Bolivie. Par la victoire de Junin qu’il remporta sur les armées espagnoles, l’indépendance du Pérou fut complètement raffermie et la puissance coloniale de l’Espagne à jamais ruinée !…

L’influence de tous ces faits sur le régime politique de la Péninsule est incontestable. Après avoir déployé une énergie indomptable pour repousser l’avénement d’un prince français au trône des rois d’Espagne et combattre