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vers. Mais que faut-il pour le ramener au sentiment de la réalité. Il suffira de lui rappeler combien chétifs, ignorants et vicieux ont été ses ancêtres sur cette même terre devenue aujourd’hui le centre des lumières. Quam pater habuit sortem, eam tibi memoret ! pourrait-on lui répéter. C’est à quoi devait consister l’œuvre des savants et surtout des philosophes. Ils sont appelés à savoir qu’il n’y a pas de solution de continuité dans l’œuvre de la civilisation de notre espèce. Chaque race porte sa pierre à l’édifice. Seulement les unes surpassent les autres en génie et en grandeur, dans les époques successives de l’histoire, à mesure que se développe la longue évolution que l’humanité poursuit depuis des centaines de siècles. Malheureusement, ils n’y ont point pensé. L’excès d’orgueil, la présomption hâtive d’une science encore imparfaite, pour admirable qu’elle soit, ont conduit les uns et les autres à se faire le triste écho des opinions vulgaires, dont ils subissent inconsciemment l’influence. Pour ne point se ranger à la vérité, ils aimeront mieux déclarer que les Noirs n’ont point d’histoire sociale et par conséquent n’ont jamais influé sur la marche de l’humanité. Mais telle vérité qui est niée au XIXe siècle éclatera rayonnante au XXe siècle. Quand bien même elle ne serait pas universellement reconnue, elle attendra encore, sans cesse, surement, sans précipitation. Elle est patiente, parce qu’elle est éternelle.

Toutefois, il faut que dès maintenant l’on convienne de la réalité. La race noire qu’on a systématiquement déclarée inférieure à toutes les autres et frappée, dès le principe, d’une nullité patente et radicale, au point de vue moral comme au point de vue intellectuel, cette race noire a joué au contraire un rôle signalé et décisif dans la destinée de l’espèce humaine, dont elle fut la première à commencer l’évolution civilisatrice et sociale. En un mot, les