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en Afrique a son contre-coup parmi les nations de l’Europe qui, chacune pour un motif, y sont directement ou indirectement intéressées. La seule question égyptienne, par exemple, réunit les intérêts les plus complexes, tenant en haleine le monde ottoman, le monde slave, le monde germanique, ainsi que le monde latin.

« L’Égypte, dit Emilio Castelar, est pour les Turcs une portion de leur empire ; pour les Autrichiens, une ligne qu’il leur convient d’observer à cause de leurs possessions dans la mer Noire et dans la mer Adriatique ; pour, les Italiens, c’est une frontière que la sécurité indispensable de leur belle Sicile et leur constante aspiration à revendiquer Malte et à coloniser ainsi Tripoli et Tunis leur font l’obligation de tenir à l’abri de tout obstacle ; pour la grande et puissante Allemagne, dont l’orgueil ne veut point perdre son hégémonie dans le monde européen, elle est une question continentale et extra-continentale ; pour la Russie, qui songe, en Europe, à une Bizance grecque et, en Asie, à une route terrestre vers l’Inde, c’est une question européenne ; pour l’Espagne, le Portugal, la Hollande, c’est la clef de leurs voyages aux divers îles et archipels où flottent encore leurs drapeaux respectifs ; pour tous, en ce moment d’horrible angoisse, c’est la question par excellence, puisqu’elle porte dans ses innombrables incidents la paix à la chaleur de laquelle fleurissent le travail, le commerce et la liberté, ou la guerre implacable dont les commotions épouvantables entraînent et répandent dans le monde la désolation et l’extermination avec leur funèbre se cortège de catastrophes.

« Mais, à la vérité, la question égyptienne est plus spécialement une question anglo-française[1]… »

  1. Emilio Castelar, Las guerras de América y Egypto. Madrid, 1883, p. 120-121.