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changent rien aux lois de l’histoire. Ils n’empêchèrent point que l’Angleterre et la Russie ne restassent sourdes aux pressantes et patriotiques prières de Thiers, en laissant faire les Prussiens ; et lorsque l’Italie aura compris la coûteuse vanité des rêves de suprématie européo-latine qu’elle nourrit, à la remorque de M. Mancini et du roi Humbert, elle reviendra paisiblement à ses traditions séculaires.

Tout cela est presque aussi certain que le résultat d’un problème de mathématique ; et il en sera ainsi de longtemps.

Mais de cet ordre de choses même découle un fait plus général, qui nous intéresse particulièrement. Il en résulte que toutes les nations européennes, de race blanche, sont naturellement portées à s’unir pour dominer ensemble le reste du monde et les autres races humaines. Si on dispute à savoir qui dominera en Europe et laquelle des civilisations slave, germanique ou latine, doit donner le ton dans l’évolution commune de la race caucasique, on est au moins unanime à reconnaître le droit qu’a l’Europe d’imposer ses lois aux autres parties du globe. Aussi, toutes les fois qu’une puissance européenne prête son concours ostensible ou caché à un peuple d’Asie ou d’Afrique, est-ce mieux pour paralyser les progrès d’une rivale, dont elle est jalouse ou redoute la grandeur, que pour favoriser ce peuple auquel on ne vient en aide qu’avec l’arrière-pensée de pouvoir l’exploiter à son tour !

C’est un caractère particulier de la civilisation moderne que les actions politiques et nationales, de même que les actions individuelles et privées, ont communément besoin d’une justification morale ou scientifique, sans laquelle les acteurs ne se sentent pas la conscience tranquille. Hypocrite, subtil parfois est le raisonnement dont ils tirent leurs règles de conduite ; mais est-ce moins l’indice d’un certain respect de la justice et de la vérité éternelles, aux-