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deux mille ans. Mesurons le génie non par la quantité mais par la qualité[1]. »

Assurément, quand une racea produit une individualité aussi merveilleusement douée que l’était Toussaint-Louverture, il est impossible d’admettre qu’elle est inférieure à d’autres, sans démontrer un aveuglement ou une absence de logique inconcevable. Néanmoins, pour bien apprécier la grandeur de cet homme dont les actions mémorables ont excité l’admiration significative de ceux-là mêmes qu’il eut à combattre, il faut se rappeler les conditions ou se sont développés ses talents et son intelligence. Dénué de tous les moyens que l’Européen trouve à sa disposition, quand il est mu par les nobles aspirations de la gloire et de la renommée, il a fallu à ce fils de l’Afrique tirer tout de son propre fonds. Mais il y trouva une si riche étoffe, de telles aptitudes, qu’aucun autre n’a pu l’égaler en mérite, encore bien que la pénurie de ses premières ressources semblât le condamner à une irrémédiable impuissance. Plus on étudie cet homme, plus il grandit. Il y a des noms historiques que les années diminuent. Souvent ils n’ont été revêtus des premiers éclats qui conduisent à l’immortalité, que par la dévotion d’un parti qui exalte en eux des tendances, des inclinations politiques ou religieuses dont il adopte l’enseigne. Celui du chef noir brille de lui-même ; et lorsque, dans un siècle, la race noire aura entièrement accompli son évolution intellectuelle, il reluira encore mieux dans le Panthéon de l’histoire, où les grands hommes immortalisés par l’admiration de la postérité, rayonnent comme autant de constellations dans le ciel de l’humanité !

Mais revenons à Wendell Phillips.

« Et maintenant, dit-il, Saxon aux yeux bleus, orgueil-

  1. Wendell Phillips, loco citato, p. 37-40.