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core qu’il aimait à citer ces vers de La Fontaine qui revenaient toujours sur ses lèvres :

Travaillez, prenez de la peine,
C’est le fonds qui manque le moins.

Il les mettait bien en pratique. En effet, à l’époque dont je parle, il venait d’être nommé commissaire du Gouvernement d’Haïti, pour la délimitation des frontières dominicano-haïtiennes. Je l’ai vu s’exténuer à la peine, feuilletant Vattel et Martens, Calvo et de Garden, avec une ardeur qui s’augmentait en raison même des difficultés qu’il éprouvait. Il était, à toute heure, dissertant, discutant sur les différents points de sa mission. Il fit si bien qu’à la fin il se mit au courant de tout ce qu’il avait à faire, au point de vue pratique ; ayant des armes pour les objections, comme pour la défense des intérêts qu’il était chargé de défendre !

II.

LES ACTEURS DE L’INDÉPENDANCE D’HAÏTI.


Mais pourquoi ai-je attendu jusqu’à 1840 pour signaler cette évolution progressive qui a commencé de s’opérer dans la race noire d’Afrique transportée en Amérique ? Les mérites de l’homme consistent-ils seulement à faire preuve d’une grande culture intellectuelle, sans que l’on compte pour rien toutes les vertus morales, telles que la bravoure, la volonté énergique, la constance dans la lutte, toutes ces forces actives qui font dominer les hommes supérieurs ? Non, certainement. On pourrait, en descendant même dans les cabanons de l’esclave, retrouver les traces de ce travail de transformation qui s’affirma bien vite dans le tempérament de l’Africain, une fois soustrait aux influences délétères d’un climat malfaisant.

Tout d’abord, c’est la transformation physique qui