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le besoin de protester tout haut ; mais la parole reste étouffée dans notre poitrine oppressée…

Qu’après cela on vienne me parler de la cruauté des noirs, je ne répondrai point ; mais ce ne sera pas faute d’argument. Cependant ce n’est pas encore tout. La grande accusation qu’on soulève contre la moralité de l’Éthiopien sauvage, ce n’est pas cette cruauté ou l’on tue les hommes pour abandonner leurs membres pantelants à la voracité des carnassiers aquatiques ou terrestres, c’est surtout le fait horrible de tuer son semblable pour se faire un régal de sa chair.

À entendre tous les concerts de malédiction qui s’élèvent contre la sauvagerie de l’Africain et proclament sa déchéance irrémédiable, toutes les fois que l’on raconte un acte d’anthropophagie accompli par les Nigritiens du Loango ou par quelques-uns de leurs descendants de la deuxième génération, on pourrait bien s’imaginer que les peuples de race blanche n’ont jamais traversé une époque ou ils fussent également anthropophages ; mais combien profonde serait l’erreur ! En souhaitant pour l’honneur de l’humanité que les dernières traces de l’anthropophagie il disparaissent bientôt de toute la surface du globe, à l’aide de la propagation des principes de moralité et des lumières intellectuelles dans les plus petits recoins de la terre, il faut tout aussi bien reconnaître que cette affreuse coutume, — preuve de la nature animale et de l’instinct carnassier de l’homme primitif, — a été la pratique générale de toutes les races qui composent l’espèce humaine. Ce n’est que par la civilisation développant en chacun, avec le bien-être et la sécurité, des instincts supérieurs à ceux de la brute, qu’on a pu graduellement abandonner ces appétits sanguinaires.

Plus la science réalise de progrès, plus nos recherches s’étendent, mieux on se convainc aussi que l’homme