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préalable, de ce qu’ils voyaient ou de ce qu’on leur disait à ce qui doit être, selon la nature. Cette conclusion aprioristique, contraire à tous les principes scientifiques, suivant lesquels on ne doit se prononcer qu’après des investigations méthodiques et contrôlées, fut répétée et propagée par tous ceux qui avaient intérêt à se servir des noirs comme des machines. Dans cette pénible occurrence, la science, par une lâche complaisance ou par insuffisance d’observation, s’est rendue complice du plus sot des préjugés et du plus inique des systèmes.

D’ailleurs, dans les premiers jours voulût-on sincèrement essayer une classification rationnelle des races humaines, établissant par surcroît une hiérarchie intellectuelle et morale entre elles, qu’il serait impossible de réaliser une pareille tentative, dans l’ignorance où l’on était de toutes les données nécessaires pour parvenir à une telle systématisation. En effet, pour affirmer qu’une race est supérieure ou inférieure à une autre, il ne suffit point de les étudier à un moment isolé de leur histoire et de conclure précipitamment, en appuyant son raisonnement sur l’ordre des faits actuels. Beaucoup plus complexe est le problème. Il faut de plus étudier l’histoire complète de chacune d’elles ; les suivre depuis les temps les plus reculés jusqu’à l’époque où l’on se trouve ; noter leur progrès comme leur recul, leur crise de croissance ou de défaillance, les difficultés naturelles ou morales qu’elles ont eu respectivement à surmonter, de même que la durée de leur évolution ascendante et continue. Ces différentes notions font l’objet de plusieurs sciences dont la création est absolument récente, telles que la sociologie, l’histoire comparée, la préhistoire, la mythologie comparée, et foule d’autres connaissances qui nous aident à nous rendre compte des origines de la civilisation et de son développement. Ce genre d’études, si intéressant et instructif, n’a commencé