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tarisme despotique se manifeste au sein d’une société grandissante, il s’ensuit fatalement une dépression pénible de l’organisme social qui est comme brisé et endolori.

Que l’on se passionne donc pour le droit, et qu’on s’en occupe plus soucieusement, en l’étudiant avec autant de soin, autant d’assiduité que les autres branches des connaissances humaines ! Je le répète, ce n’est pas le sens juridique qui manque au noir. Comme l’homme de toutes les autres races, il conçoit le juste et l’injuste ; et son esprit est capable de s’ouvrir à toutes les distinctions délicates qui peuvent lui être présentées dans les controverses les plus ardues de la jurisprudence. C’est plutôt la culture, la vulgarisation des notions juridiques qui manquent à ces têtes brûlées, lesquelles voudraient tout ajuster à leurs conceptions ou à leurs volontés, sans se rappeler les tempéraments qu’il faut avoir en face de conceptions ou de volontés tout aussi respectables, étant la manifestation de la personnalité humaine !

Pour preuve, on n’a qu’a nommer les noirs de la République haïtienne qui, sans être venus s’initier aux savantes leçons des Facultés de droit de l’Europe, sont parvenus à une compétence supérieure dans la science qui nous intéresse actuellement.

Je citerai M. Boco, né en Afrique, élevé en Angleterre et naturalisé haïtien depuis une cinquantaine d’années. Il est un exemple frappant de l’aptitude merveilleuse de l’homme noir à s’assimiler des connaissances spéciales dans toutes les sphères intellectuelles. Ayant parcouru tous les degrés de la carrière judiciaire, il est arrivé à présider le tribunal de cassation de la République, poussé par les seuls titres de son savoir qui grandissait avec ses différentes positions.

On pourrait placer tout près de lui un magistrat qui