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DE L’ÉGALITÉ

son pour qu’un tout jeune peuple fasse disparaître complètement de ses mœurs politiques les coutumes qui ne sont souvent que la tare d’une malheureuse hérédité[1].

Certainement, tout le temps que le monde existera et que les opinions pourront s’exprimer librement, la vieille controverse de la liberté et de l’autorité continuera à défrayer les discussions spéculatives ou politiques, sans que l’un des deux principes soit complètement annulé par l’autre. C’est là une antinomie nécessaire et dont résulte la plus grande harmonie sociale ; car les tendances divergentes finissent toujours par se faire équilibre. Mais la philosophie de l’histoire prouve que c’est vers la liberté que penche la balance, à mesure que l’on grandit en civilisation ; aussi bien, chaque fois qu’un recul vers l’autori-

  1. Les représentations extérieures, les vaines parades ne manquent jamais de produire sur lui (le noir) une profonde impression. Celui-là le soumet aisément qui sait en imposer sous ce rapport. Par contre, avec ses semblables ou ses inférieurs, il est plein de vantardise. « Chaque nègre croit avoir le droit de se faire servir par les autres… » (Fr. Muller, Allegemeine Ethnographie.)
    — C’est une organisation également despotique qui règne dans la vie sociale. Le gouvernement est patriarcal, dans certaines régions du Nil, mais en d’autres contrées, par exemple dans l’Afrique centrale et le Dahomey, domine la tyrannie la plus odieuse. La puissance des rois ne connaît point de limite ; ils ont tous les droits et usent avec le plein assentiment de leurs sujets, de l’arbitraire le plus complet. C’est le patriarcat poussé à sa dernière limite : point d’autre droit que la volonté du despote. (Abel Hovelacque, Les races humaines).
    — L’impression la plus saillante que je rapporte de mon voyage et, dans le cours de mon récit, je suis revenu là-dessus, c’est l`état de misère extrême dans lequel vit l’indigène du centre de l’Afrique, misère provenant et de son apathie naturelle et aussi, il faut le dire, de la stérilité du sol. — Il habite de préférence un petit hameau d’une centaine de huttes au maximum : dans un grand village, il lui faudrait obéir à l`autorité tyrannique d’un chef. Son isolement ne lui permet pas à vrai dire, de se défendre contre ses voisins ; mais, pour lui, le grand chef dont il serait l’ESCLAVE est cent fois plus redoutable que ses voisins qui se contenteront de piller ses cultures. (V. Giraud, Deux ans aux lacs de l’Afrique australe, dans la Revue scientifique, n° 15, 11 avril 1885).