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« Pourtant je ne crains pas, en leur livrant bataille,
De hâter pour les Noirs l’heure du talion,
D’opposer ma poitrine à ces cœurs de lion,
À ces soldats géants de mesurer ma taille !

« J’ai foi dans mon étoile, et je serai vainqueur.
Quand le péril lui jette un défi gros d’orages,
L’homme dont le cœur passe en hauteur les outrages,
Voit sa taille grandir au niveau de son cœur…

« Malheur à qui s`avance en nos gorges profondes !
Dans nos vastes projets, j’ai pour complice… Dieu !
Et je sens bouillonner dans mes veines en feu
Ce pouvoir créateur qui fait surgir des mondes ! »


Plusieurs jeunes noirs tels que Turenne Leconte ; Jean Simon, du Cap-Haïtien, Dantès Dujour, Innocent, M. Pierre fils, du Port-au-Prince, et tant d’autres dont le nom m’échappe, ont publié des essais où se découvre le germe de bien des talents destinés a se développer dans l’avenir ; mais il leur manque encore cette maturité ou bien cette entière floraison de l’esprit qui donne les signes certains auxquels se devinent les qualités de l’arbre ; aussi n’en fais-je mention ici que pour les engager à travailler et à répandre autour d’eux cette émulation généreuse qui pousse aux efforts et développe le mérite. Que chacun d’eux se rappelle qu’une race ne monte, ne grandit que par la vertu, les talents et la science de ceux qui en sont les représentants !

À part la littérature, les noirs d’Haïti se sont exercés dans presque tous les genres de travaux intellectuels ; aussi dans une dizaine d’années, y rencontrera-t-on des spécialistes distingués dans chaque branche de la science. Je passerais volontiers des littérateurs aux juris-consultes, mais il faut avouer que, pour le droit, on ne peut citer beaucoup de noirs haïtiens ayant une vocation sérieuse. Cependant M. Emmanuel Edouard, le jeune et sympathique poète que le lecteur connaît déjà, est un