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prendre leurs secrets, afin de s’assimiler tous les moyens à l’aide desquels ils produisent ces effets de style magnifiques qui portent le comble à notre admiration et semblent défier toute imitation. Par cette étude persévérante, soutenue, M. Guilbaud est parvenu à se rendre familiers les tours les plus difficiles et les plus délicats de la phraséologie française qu’il manie avec une parfaite aisance. Il a été le rédacteur en chef d’un journal paraissant à Port de Paix, sa ville natale. Encore bien que cette publication n’ait pas eu une longue durée, elle a suffi pour mettre en évidence toutes les aptitudes du jeune écrivain. Du premier coup, il avait montré avec quelle adresse il sait tenir une plume et quelle ressource il sait en tirer. Merveilleuse, en effet, était la forme de tous ses articles. Tous ceux qui savent apprécier l’art de bien dire, art si précieux et rares eurent l’attention tournée vers cette nouvelle intelligence qui venait de se manifester avec une exubérance harmonieusement tempérée par le travail et l’étude.

Depuis, M. Guilbaud a beaucoup écrit : ce sont des discours ou d’autres compositions littéraires ou brille toujours sa plume si élégante ; mais il n’y a jusqu’ici que ses intimes qui aient le bonheur de jouir du charme exquis de ces diverses productions.

Je l’avoue volontiers, j’ai toujours vu avec un vrai sentiment d’orgueil ce jeune écrivain dont les talents incontestables, l’esprit charmant et fin sont une protestation si éloquente contre la doctrine de linégalité des races humaines. Pour qu’une doctrine tellement ridicule, même comme simple opinion, ait pu se perpétuer au milieu de tant d’hommes décorés du titre de savants, il faut bien qu’ils n’aient jamais eu en présence de tels exemples. Aussi fais-je le vœu que se réalise la décision qui a été prise par les Chambres d’Haïti d’envoyer en Europe M. Guilbaud et M. Magloire, un autre jeune noir dont