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N’est-ce pas un fait curieux que cette oblitération profonde de toute aspiration élevée dans l’esprit du Grec moderne, quand ses ancêtres ont toujours mérité la réputation incontestable d’avoir été les premiers artistes et les premiers penseurs du monde entier ? Ce fait est d’autant plus remarquable que la Grèce restaurée a été l’objet de l’encouragement continuel de toutes les puissances civilisées de l’Europe. Partout, elle a constamment rencontré des sympathies agissantes qui l’accompagnent et lui facilitent la voie. L’état actuel de l’esprit national dans la patrie de Démosthène prouve donc une vérité de premier ordre. C’est que le sentiment de l’art, le culte du beau, la production des plus belles œuvres littéraires, toutes ces qualités superbes qui florissaient chez les anciens Hellènes ne sont nullement un caractère distinctif de race. Elles constituent plutôt la fleur de l’esprit humain qui ne s’épanouit que là où la civilisation a fait pousser l’arbre de science qu’elles couronnent et embellissent. Cet état de choses démontre encore que toutes les races sont susceptibles de civilisation, mais que toutes sont aussi susceptibles de la plus profonde décadence. Pour se relever, quand elles sont tombées dans une voie de dégénération parcourue dans une longue mesure, il faut une somme de temps et des circonstances favorables, agissant lentement, mais constamment ; car c’est toujours paresseusement, avec des oscillations de vive ardeur et d’étonnante langueur qu’elles recommencent l’évolution. Certainement, la Grèce régénérée brillera dans l’avenir d’un lustre qui surpassera peut-être sa gloire antique, suivant la conception plus large que nous avons aujourd’hui du progrès. Une race humaine quelconque ne tombe jamais dans un état d’éternelle stérilité ; elle reprend tôt ou tard l’ascension magnifique qui conduit aux hauteurs de la civilisation. Mais si cette vérité indiscutable s’applique à toutes les branches de l’humanité,