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moyen âge, se laisser assujettir par les Turcs ; nous ne faisons pas mention de la conquête macédonienne, puisque Philippe et Alexandre étaient aussi de la race hellénique, bien que les Athéniens les appelassent des barbares. Tombés dans une complète décadence, les petits-fils de Périclès, les descendants de la race qui a produit Homère et Eschyle, Phidias et Praxitèle, Protagoras, Socrate, Platon et Aristote, ont subi une dégénération si profonde, qu’un appréciateur peu philosophe pourrait bien se demander, vers le commencement de ce siècle, s’il restait en eux aucun sentiment généreux, aucune aspiration au relèvement. On peut même affirmer que, sans la chaude sympathie, excitée chez l’élite des grandes nations de l’Europe par le souvenir captivant de l’antique Hellade, cette Grèce mille fois célèbre par le génie immortel de ses poètes, de ses guerriers, de ses philosophes et de ses artistes incomparables, dormirait encore courbée sous les humiliations imposées par la grossièreté d’un pacha turc.

Sans doute, elle se montra héroïque et belle, au jour de la revendication ; mais le souffle qui a propagé l’idée de l’émancipation nationale était parti des universités de France, d’Angleterre et d’Allemagne, où l’on apprend le culte de l’hellénisme en même temps que la littérature et l’histoire grecque, avec un zèle, une ardeur qui laisse souvent en arrière le patriotisme même. On ne peut nommer Botzaris sans nommer en même temps le chevaleresque Byron, poète capricieux qui n’a jamais eu qu’une seule idée positive, l’émancipation de l’antique patrie de Pindare et d’Euripide. On ne peut penser à la constance admirable, à la foi intrépide de Kanaris, sans penser immédiatement aux sociétés philhellènes dont les propagandes et les quêtes ont si positivement contribue à l’affranchissement de la Grèce ; sans penser aux éloquentes harangues de Villemain, au dévouement de Chateaubriand dont