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les vrais successeurs des Rétous et, par conséquent, leurs seuls congénères soient les peuples blancs de l’Europe ? En considérant l’état de profonde dégradation où se trouvent les hommes de l’Afrique, comparativement à l’Européen, cette objection paraît avoir une valeur sérieuse. Il semble tout d’abord que, d’après les principes mêmes de la théorie sélective que je complète toujours dans ma pensée par la théorie évolutionniste, un peuple parvenu à un certain degré de civilisation ne peut que monter et monter toujours dans l’échelle de perfectionnement qu’il a commencé de gravir. Mais il faut aussi se rappeler qu’à côté des influences qui entraînent une sélection progressive, il y en a d’autres qui mènent à des transformations régressives, tant au point de vue matériel qu’au point de vue moral. Alors, au lieu d’une évolution, il s’accomplit une révolution pénible ; au lieu de marcher en avant, on rétrograde. Ce sont des faits qui s’observent, tant dans la sélection naturelle que dans la sélection sociale.

L’invasion des peuples moins avancés et d’une race étrangère ont enrayé et renversé la civilisation égyptienne, en contrariant l’essor du monde éthiopien vers un état de perfectionnement définitif. Dans la lutte pour l’existence, n’arrive-t-il pas aussi que des parasites ou bien des espèces étrangères, plus vivaces ou plus nombreuses, s’attaquent à une espèce ancienne, la dépriment, l’obligent à restreindre son développement organique, à revenir peu à peu aux formes antérieures, les moins accomplies, à subir enfin tous les effets d’une réversion inéluctable ? La civilisation égyptienne est-elle seule dans ce cas ? La race noire est-elle seule susceptible de cette dégradation intellectuelle et morale ? On ne saurait soutenir une telle opinion.

On a vu les anciens Grecs, après avoir été tour à tour soumis par les Romains et envahis par les Barbares du