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notés, semblent plutôt s’écarter systématiquement de la vraie interprétation des faits. C’est à ce point que cette science dont le titre seul promettait tant d’éclat commence déjà à perdre tout intérêt sérieux. Je crois qu’il est grand temps de réagir contre cette force d’inertie, en se degageant de toutes les entraves auxquelles un respect exagéré de la tradition a, pour ainsi dire, rivé l’esprit des anthropologistes. Voyons donc comment l’évolution physiologique amène lentement l’amélioration et l’embellissement des formes dans toutes les races de l’espèce humaine, dont la perfectibilité incalculable est peut-être le meilleur signe de distinction que l’on doive reconnaître entre l’homme et les autres animaux de la création.

Qu’on prenne un peuple quelconque, dans les premières époques de son existence, on rencontre toujours en lui la grande majorité des individus avec des traits repoussants, une physionomie barbare, fidèle reflet de l’intelligence inculte, de la pensée nourrie de toutes les fausses conceptions. Les uns peuvent bien soutenir que l’homme est foncièrement bon ; les autres pourront soutenir avec plus de véhémence que c’est plutôt un être pervers, que la civilisation seule l’améliore et le perfectionne : le fait indéniable, c’est qu’on n’a jamais découvert une peuplade à l’état sauvage où toutes les vertus qui sont admirées dans nos sociétés policées soient connues et cultivées. Ces vertus, fruits de la maturité, résultat d’une longue existence sociale, ne se manifestent que lorsque le développement intellectuel permet à chacun de se dédoubler, en quelque sorte, en étendant progressivement la puissance d’expansion que prennent les sentiments avec une grande habitude d’abstraire. Or, tout le temps que les conquêtes matérielles n’ont pas encore pris une importance décisive, ce qui préoccupe l’homme par dessus tout, c’est la lutte brutale pour la vie, lutte intense, horrible, insatiable, où tous