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tuel et moral. Il s’approprie de nouvelles forces chaque jour grandissantes et en faveur desquelles l’homme modifie non-seulement le monde extérieur, mais encore son propre être, par les réactions admirables du moral sur le physique et du physique sur le moral.

On peut bien objecter ici que bien des nations se sont trouvées dans les meilleures conditions d’évolution et sont restées dans un état patent d’infériorité, tandis que d’autres, moins bien favorisées par les circonstances, ont pu marcher de conquête en conquête, jusqu’à atteindre les plus hauts sommets de la civilisation. Ce sera le lieu de répondre que dans tout système il se présente toujours des faits en contradiction avec la loi générale qui régit la marche des choses, sans que ces exceptions nuisent jamais à l’excellence de la règle. Il faudrait de plus vérifier exactement si les conditions que l’on considère souvent comme nuisibles, ne constitueraient pas, à certain moment, un avantage capital dans la lutte pour l’existence. Car on doit se rappeler que dans ce rude combat, les qualités négatives peuvent, suivant un ensemble de circonstances, concourir plus efficacement que les qualités positives au bien de la communauté.

N’est-ce pas ainsi que la hardiesse, l’esprit d’initiative, le désir du changement, qui sont dans toute agglomération sociale les plus sûrs stimulants du progrès, deviennent parfois moins utiles à un peuple que la prudence, l’esprit de conservation et l’amour du repos ? La nation que les circonstances extérieures obligeraient d’adopter un tempérament quelque peu inerte, juste au moment psychologique ou l’activité serait pour elle un danger, n’en tirerait-elle pas le plus grand bien ? En ce dernier cas, le hasard qui entre toujours pour une grande part dans le déroulement de toutes les choses humaines, expliquerait, à lui seul, les faits qui paraissent contradic-