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tants de ce pays les plus sobres et les plus industrieux des hommes. Ils émigrent à l’étranger et s’établissent chez des nations plus indolentes ou plus exigeantes[1]. »

Ces idées très peu développées ne sont pas absolument neuves ; mais elles sont méthodiquement tirées de la théorie de Darwin et suffisent pour établir la justesse de mon opinion. En effet, si la simple adaptation au milieu, qui est un fait de sélection naturelle, peut expliquer la production dans une race de certaines aptitudes organiques entraînées par les exigences de la vie, n’y a-t-il pas lieu d’affirmer qu’aucune race n’est supérieure à une autre race et que les circonstances ambiantes ont seules amené les différences qu’on remarque parmi les divers groupes humains ? Avant donc de proclamer l’inégalité des races, il faudrait préalablement étudier les milieux dans lesquels elles se sont respectivement développées, ainsi que les difficultés plus ou moins grandes qu’elles ont eu à surmonter pour s’y adapter et déployer ensuite toute leur énergie naturelle, en évoluant vers une conformation supérieure du corps et de l’esprit. Mais jusqu’ici, peu d’études positives ont été faites en ce genre.

Plusieurs savants ont néanmoins senti l’importance d’un tel facteur dans la question. Carus, par exemple, affirme l’inégalité d’aptitudes des diverses races humaines au développement supérieur de l’esprit, mais il attribue à l’influence des milieux un rôle considérable dans la production des résultats, tels qu’il a cru devoir les interpréter. Il admet que des influences favorables, tels qu’un climat tempéré, la proximité d’un grand fleuve ou de la mer, les vallées propres à la culture et les grandes routes entraînent infailliblement la civilisation chez tous les peuples qui

  1. Revue scientifique du 1er nov 1884, n° 18, 3e série, 2e semestre.