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bres qui dominent dans la physionomie générale de l’Égypte. On n’a pour s’en convaincre immédiatement qu’à se promener quelques instants dans la section égyptienne du musée du Louvre, après en avoir parcouru d’autres, telles que le musée des anciens Assyriens, par exemple.

Pour les Rétous, le Nil c’était toute l’Égypte. Ampère y fait la réflexion suivante qui est catégorique : « Presque tous les noms que le Nil a reçus a différentes époques expriment l’idée de noir ou de bleu, deux couleurs que, dans différentes langues on confond volontiers. Cette dénomination ne peut provenir de la teinte des eaux du fleuve, plutôt jaune que noir ou bleu. Je crois donc plutôt y voir une allusion à la couleur des habitants d’une partie de ses rives qui étaient noirs, ainsi qu’on nomme Niger un autre fleuve, parce qu’il coule à travers le pays des nègres[1]. » Il faut rapprocher de cette observation les paroles suivantes. « Les Égyptiens, dit Bouillet, ont eu de tout temps pour le Nil un respect religieux ; ils le regardaient comme un fleuve sacré. Dans l’antiquité, à l’époque où le Nil sortait de son lit, on célébrait en l’honneur de ce fleuve une fête pendant laquelle on lui immolait des taureaux noirs. Il y avait à Nilopolis un temple magnifique avec une statue en marbre noir qui le représentait sous la forme d’un dieu gigantesque couronné de lauriers et d’épis et s’appuyant sur un sphinx[2]. »

Qu’on parle sincèrement ! Dans quelle autre partie du monde asiatique ou européen, ancien ou moderne, trouve-t-on l’adoption de la couleur noire si générale et si constante qu’en Égypte ? N’est-ce pas une preuve évidente que le peuple des Pharaons, loin d’être distinct du reste des

  1. J.-J. Ampère, Voyage en Égypte et en Nubie, p. 298-299.
  2. Bouillet, Dictionn. d’histoire et de géograph, au mot Nil.