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un changement interne de la voyelle, mais plus souvent par la seule préfixe dont il est muni, ce qui nous rappelle la formation de ce nombre dans beaucoup d’idiomes centro-africains[1]. »

Il faut ajouter l’opinion de M. Alfred Maury dont l’autorité est si grande dans une pareille question. « L’égyptien, dit-il, reconnaît deux articles, deux genres, deux nombres. Son système de conjugaison rappelle celui de la plupart des langues africaines. On y reconnaît la tendance agglutinative qui appartient à toute cette famille. Par le bichari la langue égyptienne se rattache au danakil et conséquemment à tout le groupe nilotique ; certaines particularités la lient étroitement au kanouri parlé au Burnou et qui porte les marques d’une culture ancienne[2]. »

En face de telles preuves, je crois qu’il est permis de déclarer que ceux qui veulent encore admettre que les anciens Égyptiens appartenaient à la race blanche de l’Asie antérieure, n’ont aucun droit de s’autoriser de la linguistique pour consolider leur opinion. Il faut y renoncer et chercher une autre source d’arguments. Mais les anciens riverains du Nil n’ont-ils laissé aucun moyen d’examiner le problème et de reconnaître la race à laquelle ils ont appartenu ? En étudiant, avec l’esprit dégagé de tout parti pris, les monuments historiques ou les objets d’art qui nous viennent des Retous, ne pourrions-nous pas nous rapprocher sensiblement de la vérité ? C’est ce qu’il faut essayer.

Bien que M. Maspero soit d’une opinion diamétralement opposée à la thèse que je soutiens ici, personne ne saurait nier sa haute compétence dans toutes les études concernant l’archéoiogie égyptienne. On peut différer d’opinion

  1. H. de Charency : Lettre à M. Léon de Rosny, dans la Revue orientale et américaine, t. VIII, chron. 61.
  2. Alfred Maury, La terre et l’homme.