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origine asiatique des anciens Égyptiens, formulée d’après la linguistique, prit place dans le cerveau de plus d’un savant. M. Maspero, un des plus remarquables égyptologues de notre époque, n’en démord pas jusqu’ici[1].

Cependant, avec le sens supérieur dont M. Renan fait preuve dans toutes les questions de linguistique, il ne tarda pas à mettre en doute cette parenté spéciale entre l’ancien idiome de l’Égypte et les langues sémitiques.

Peut-être la théorie de Benfey eut-elle pu garder un certain caractère de probabilité dans l’application qu’on en faisait à l’égard de l’origine des Rétous ; mais la linguistique continuant à progresser, s’est enfin aventurée dans l’étude des autres langues parlées chez des peuples de race incontestablement nigritique. Or, la plupart des ressemblances glottologiques qu’on a rencontrées entre l’égyptien et l’hébreu ou l’arabe, se rencontrent également dans le galla, le bedja, le somali. En réalité, l’égyptien bien étudié, autant qu’on puisse le faire en s’aidant du copte, présente le cas d’une grammaire mixte, comme l’a savamment observé M. Renan[2]. « L’égyptien, dit aussi M. de Charency, est surtout curieux au point de vue qui nous occupe, parce que chez lui les éléments africains et sémitiques se rencontrent pour ainsi dire juxtaposés et ne sont pas encore complètement fondus l’un avec l’autre. Ainsi, à côté de féminins formés comme en arabe, au moyen d’une désinence faible, ou une mutation interne de la voyelle, il en possédera d’autres marqués uniquement par l’adjonction d’un mot signifiant femme, femelle. C’est ce dernier procédé qu’emploient presque tous les peuples noire, chez lesquels il n’existe pas de formes génériques. En copte, le pluriel se distingue du singulier quelquefois aussi par

  1. Voir G. Maspero, Hist. anc. des peuples de l’Orient.
  2. Renan, Hist. générale des langues sémitiques.