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qu’on avait vainement essayé de tirer de la craniologie et de l’archéologie.


II

CONTROVERSES ET RÉFUTATIONS.


Vers 1840, la vogue était aux études linguistiques. On prétendait, comme il a été déjà dit, qu’elles étaient plus propres qu’aucun autre moyen d’investigation à déterminer le caractère ethnique de chaque ; peuple et à lui fixer un rang dans la classification ethnologique. Benfey[1], suivi de Bunsen[2], soutint que l’ancienne langue égyptienne doit être groupée parmi les langues d’origine semitique. On en conclut immédiatement que le peuple des Pharaons avait dû émigrer, à une époque quelconque, d’Asie en Afrique. Malgré le peu de consistance qu’offre une telle théorie, elle fut complaisamment adoptée par les savants qui s’accrochent à toutes les branches, plutôt que de reconnaître qu’un peuple de race noire a pu s’élever à la grande culture intellectuelle et sociale dont les Égyptiens ont fait preuve.

M. de Gobineau n’alla pas si loin, mais il imagina que c’est un peuple blanc de l’Asie qui est venu civiliser les Égyptiens, en leur infusant la vertu et l’influence régénératrice du sang caucasique. Mais ce sang serait-il resté inefficace dans toutes les nations blanches d’alors, pour ne produire ses résultats que là où il a été contaminé par la race maudite de Cham ? Je serais curieux de savoir la réponse qu’on peut faire à une question aussi simple, mais aussi embarrassante pour le système de hiérarchisation des races humaines. Toujours advint-il que l’opinion d’une

  1. Th. Benfey, Ueber das Verhaltniss der œgyptischen Sprache zum semitischen Sprachtmann, 1844.
  2. Bunsen, Ægyptens Sœlle in der Weltgeschichte, 1845-1857.