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ou de chorégraphie qui semblent incompatibles avec la station droite, propre à l’espèce humaine. Dans la marche, dans la course et la danse, les bras exécutent des balancements savants, au point de vue de l’équilibre, sans qu’on en ait le moindre soupçon. Cependant les anatomistes les plus distingués n’en parlent qu’avec la plus grande sobriété. Combien moins doit-on s’en occuper, quand il ne s’agit pas de constater les lois d’équilibre, mais des caractères différentiels de race ou de type.

Il faut aussi observer que la plupart des ethnographes, au lieu de considérer l’ethnographie comme l’étude descriptive des peuples qui sont répandus sur la surface du globe, en font une science générale de l’humanité. Dans cette opinion, c’est leur science qui englobe l’anthropologie reléguée alors au second plan. Au dire de M. Castaing, « l’anthropologie craquerait de toutes parts, si elle essayait d’englober seulement le quart de ce que l’ethnographie embrasse, sans contrainte[1]. » Est-ce pourtant la faute des ethnographes si les notions les plus logiques sont ainsi troublées et renversées ? N’est-ce pas plutôt celle des anthropologistes ? Mme  Clémence Royer[2] l’a bien énoncé en disant que la Société d’anthropologie a une tendance à faire de la squelétomanie, au lieu de s’élever aux grandes visées de la science. « En effet, dit-elle, l’école actuelle d’anthropologie laisse trop de côté l’homme moral et intellectuel ; elle s’occupe trop exclusivement de l’homme physique. »

Affirmant, pour ma part, que l’anthropologiste doit étudier l’homme, non-seulement au point de vue physique mais aussi sous le rapport intellectuel et moral, j’ai mis l’ethnographie à sa vraie place. Je la considère comme

  1. Congrès intern. des sciences ethnogr. tenu à Paris en 1878, p. 441.
  2. Ibidem, p. 438.