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arrive jusqu’au bout, en musant, sans même s’occuper des cailloux qui lui meurtrissent un peu les pieds !

Après les Théoriciens au pouvoir, M. Delorme écrivit Francesca, roman historique qui est un essai aux formes indécises. D’aucuns peuvent y trouver une intrigue trop lâche, une trop grande dispersion de l’intérêt dramatique, lequel n’est pas toujours concentré sur l’héroïne, une belle Napolitaine habilement profilée, d’ailleurs. L’écrivain est toujours écrivain, mais on sent que l’artiste n’est pas absolument dans son domaine.

Plus tard encore, notre remarquable compatriote a publié « Le Damné », roman de longue haleine qu’il nous est impossible d’analyser ici.

Tant de productions variées placent M. Delorme au rang des écrivains dont la vocation est franchement déterminée. Quelles que soient les appréciations que l’on porte sur ses œuvres, il n’est pas possible de méconnaître en lui un lettré de fine race, ayant tous les petits défauts et toutes les belles qualités de l’homme de lettres, tel qu’il se développe dans les centres les plus civilisés de l’Europe. Aussi, ne puis-je qu’applaudir, toutes les fois que je vois la jeunesse intelligente de mon pays, faire un cercle d’honneur autour de M. Delorme qu’elle proclame le doyen de la littérature haïtienne ! On assure que notre fin littérateur, avec une pertinacité de labeur vraiment distinguée, il prépare en ce moment un ouvrage considérable sur le développement de l’art dans les Pays-Bas. Je salue d’avance cette œuvre attendue où M. Delorme, esprit surtout généralisateur, déploiera sans nul doute un vrai talent d’esthéticien, en enrichissant d’une nouvelle fleur notre jeune et gracieuse littérature.

Comme poète, il faut nommer M. Paul Lochard, griffe aussi. C’est le chantre austère de notre île aux sites pittoresques, aux épis dorés par le soleil tropical. De